Loin d'être un facteur mineur de la position structurelle et de l'expérience des populations racisées, le racisme et les pratiques d'exclusion qui l'accompagnent sont une composante importante des désavantages de ceux qui occupent une place subalterne dans la hiérarchie sociale. Cet ouvrage entend contextualiser l'impact du racisme et de ses pratiques afin d'en montrer la spécificité et la partielle continuité avec la position de classe dans la vie des populations originaires d'Asie et des Caraïbes vivant en Grande-Bretagne. Miles propose d'étudier les multiples niveaux et articulations entre racisme, sexisme, nationalisme et pratiques d'exclusion engendrés par l'idéologie propre au mode de reproduction capitaliste. Le premier chapitre présente un état de la question sur la représentation et genèse du discours sur l'autre (le musulman, le colonisé) en Europe. L'émergence du racisme aurait coïncidé avec l'attribution d'un contenu somatico-biologique à cet " autre ", tout en renforçant ce procédé par la légitimation scientifique d'une hiérarchie sociale pas naturelle en soi. Le deuxième chapitre porte sur le racisme institutionnel et traite des difficultés qu'engendre l'identification des paramètres du racisme en tant qu'idéologie. La question de l'usage quotidien du racisme en tant que processus de signification qui pose les bases d'une hiérarchie entre groupes qui exclue certains de l'allocation des ressources et des services, est abordée dans le troisième chapitre. Le quatrième chapitre articule la question du capitalisme, du colonialisme, du racisme, des relations de classe et de leur reproduction. Il présente une analyse historique et géographique du système capitaliste britannique qui s'est développé entre le 15e et le 20e siècle entre l'Europe occidentale, l'Amérique du Nord, une partie d'Afrique et des Caraïbes, dans le sub-continent indien et en Australie.
On parle de plus en plus d'un essor du racisme en Europe et le débat est très vif au Royaume-Uni alors que les statistiques ne permettent pas de démontrer que les manifestations de xénophobie sont plus fortes que par le passé. Ce qui a changé c'est la manière de percevoir ce phénomène, d'y réagir, et de le médiatiser, après 1945. Or le racisme est une idéologie contradictoire qui se nourrit de la résistance des sociétés à la désagrégation de l'Etat-nation. Si l'on veut le réduire, il faut d'abord mieux définir sa complexité.
Les formes contemporaines de racisme en Europe nord-occidentale peuvent être interprétées comme étant les nouvelles expressions des racismes coloniaux des XVIIIe et XIX siècles. Toutefois, le racisme se présente sous d'autres formes et les migrations de main-d'oeuvre de la périphérie vers le centre ne constituent pas le seul contexte "favorable" à son expression. Certaines formes de racisme ont été dans une large mesure construites et communiquées "à l'intérieur" de l'Etat-nation. Ces "racismes intérieurs" sont aussi intimement liés à l'expression du nationalisme. Selon l'auteur, la nature de ce lien peut être mieux analysé en utilisant les concepts de nationalisation et de racialisation.
Les auteurs confrontent l'historique des arguments politiques et stratégiques en ce qui concerne la nationalité et le droit de l'immigration en Allemagne et au Royaume-Uni. Ils démontrent que la notion de nation peut être structurée par des définitions sociales. Ils soutiennent que le changement culturel dans ce contexte est construit idéologiquement comme une menace à l'identité nationale et que les contradictions dans les discours sur les migrations contribuent à une escalade du racisme.
Cet article analyse la situation migratoire de l'Europe à la lumière des changements intervenus dans le contexte migratoire international. L'auteur s'appuie sur trois évolutions survenues dans les années 80 (effondrement du bloc soviétique, l'évolution de la notion de réfugié politique, la nouvelle situation économique des pays du sud de l'Europe) pour démanteler les idées reçues et démontrer que l'hétérogénéité des situations en Europe rend peu réaliste l'instauration d'une «forteresse européenne» au sein de l'Union Européenne.
Cet ouvrage analyse l'extension du concept de racisme à la lumière du statut problématique de l'idée de " race ", des histoires de l'immigration et du nationalisme à la fois. Miles prend position sur la relation entre racisme et colonialisme, car une argumentation typique de ce débat a souvent consisté à soutenir la thèse selon laquelle seulement les Noirs peuvent être victimes de racisme. En prenant appui sur la formation des nations européennes et sur le lien avec l'immigration, l'auteur montre qu'en Europe ont également existé maintes formes de racisme interne. Ces formes de racisme s'ajoutent à celles extérieures liées à l'ordre colonial : les victimes de ces racismes incluent alors globalement différentes populations y compris européennes, ce qui conduit l'auteur à repenser la place de la " race " au sein des relations raciales.Le statut analytique de la notion de " race " et les paramètre du concept de racisme sont abordés dans la première section. Elle traite également du lien quasiment antithétique entre nationalisme et racisme : civilisation et racialisation ont pourtant caractérisé le processus de construction interne de la nation. L'importance analytique d'une perspective historique sur le rôle central des migrations dans le développement des sociétés capitalistes qui sont caractérisées par le racisme. Ces problèmes soulevés par les théories de l'immigration se révèlent pertinents dans l'analyse du racisme britannique (deuxième section). L'analyse de la connexion entre immigration et intégration économique, politique et idéologique au sein de l'Union Européenne relève de la troisième section. En abordant la question des perspectives européennes Miles met au jour simultanément les contradictions et les transformations de l'immigration ainsi que de l'Etat-nation.
L'analyse critique des présupposés de l'intégration des immigrés, à travers l'exemple des Pays-Bas révèle la force de l'idéologie contenue dans la politique d'immigration que mènent les Etats d'Europe. Parce qu'elle crée une catégorie, souvent fictive, de population à inclure, cette notion d'intégration renvoie naturellement à la mauvaise participation des immigrés à la société. Que ce soit en termes d'accès au marché du travail et de chômage ou de coût social ou de défense de l'ordre public ou encore de contrôle de flux, à l'instar de la France, de contrôle des frontières dans l'espace Schengen, l'ensemble des pouvoirs publics refuse de remettre en question l'intégration qui masque la volonté d'exclusion inhérente au capitalisme mondial.
La catégorie des jeunes noirs a été construite par l'Etat britannique dans les années 60 pour identifier une classe dangereuse marquée par le chômage et la violence urbaine. Les générations issues de l'immigration l'ont à leur tour revendiqué comme une catégorie de résistance dans laquelle la négritude et la race permettaient de célébrer l'appartenance à une communauté culturelle. Mais cette désignation qui vise les jeunes originaires des Antilles Britanniques et du sous-continent indien masque une population économiquement hétérogène.
Les études comparatives sur la migration internationale en Europe occidentale et sur l'expression du racisme dans plusieurs pays européens sont devenues de plus en plus fréquentes. Ces études peuvent être divisées, sur la base de leurs intentions et de leurs objectifs, en trois catégories relativement distinctes, mais elles présentent toutes un point faible, dans le sens qu'elles sont incapables d'élucider les généralités et la spécifité des flux migratoires, et le caractère politique et idéologique des réactions de ces migrations. à partir de là, l'étude comparative met en lumière le besoin d'une méthodologie alternative et d'une structure théorique pour faire de telles analyses comparatives.
Historique des migrations vers le Royaume-Uni, 1945-1990 : immigration d'Irlandais, de juifs, d'Européens liée à la seconde guerre mondiale, suivie de l'immigration en provenance du Commonwealth (essentiellement Caribéens et Indiens). Analyse de la politique migratoire anglaise au lendemain de la guerre : débat politique suscité par l'immigration, processus de "racialisation" et discours sur l'assimilation. Réflexion sur la construction et reproduction d'un Etat-nation européen incluant le paradigme de .
Les modifications des flux migratoires internationaux prêtent à des analyses contrastées selon les approches idéologiques privilégiées. Délibérément axée sur une approche marxiste, cette contribution se propose de compléter les études classiques centrées sur l'individu migrant en termes d'adaptation et d'intégration par l'analyse des problèmes du travail, de déplacement de main-d'oeuvre et de population, du rôle prééminent de l'Etat dans les migrations et l'idéologie de l'identité nationale.
Les réactions de l'Etat face à l'immigration en France, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas entre 1945-1987 : stratégies de recherche. Examen des trois principaux types d'études comparatives européennes consacrées au rôle de l'Etat. Concept pour une nouvelle analyse de la corrélation existant entre le développement du capitalisme et la formation des Etats-Nations et celle des classes sociales. La problématique de l'économie politique de l'émigration. Les contradictions comme révélateurs et la signification du racisme, comme idéologie de l'exclusion.
Ce document examine la place de l'étranger dans le contexte urbain britannique du point de vue des .
L'immigration de sujets britanniques de couleur, Indiens, Caribéens, Africains, au Royaume-Uni (Ecosse) entre 1800-1940. L'histoire de cette migration et de ses similitudes avec l'immigration anglaise est examinée. Les catégories socio-professionnelles de cette population originaire des colonies (personnel de service, salariés, mendiants, étudiants, marins) sont présentées et les réactions politiques et idéologiques qu'a suscité cette présence étrangère sont étudiées à partir de cas de racisme mentionnés dans la presse.
Afin d'évaluer l'impact du racisme dans la vie politique contemporaine au Royaume-Uni l'auteur examine le rôle de l'Etat dans la légitimation et les formes d'expression du racisme à travers l'analyse d'un document politique, le rapport du Political and Economic Planning (PEP), publié en 1948. Le caractère indésirable de l'immigration de couleur qu'il fait apparaître, reflète le contexte idéologique de l'époque dans laquelle s'est développée la migration en provenance du Commonwealth entre 1940-1960, en particulier celle des Indiens et Caribéens. L'auteur réfléchit aux motivations de l'hostilité du gouvernement face à ces migrants et envisage le racisme comme un déterminant de cette réaction et ultérieurement de la politique migratoire (restriction de l'immigration de couleur depuis 1961).